En entretien d’embauche, il suffit parfois d’une seule question pour sortir du lot et marquer positivement l’esprit du recruteur. Six professionnels se replongent dans leurs souvenirs et nous dévoilent les meilleures questions qu’ils se sont vus poser par des candidats.
" Est-ce vrai ce qui se dit au sujet de votre engagement en faveur de la diversité ? "
Même si la SSII Norsys est connue pour sa politique de diversité, certains candidats questionnent les recruteurs sur cet aspect. Pour Sylvain Breuzard, président-directeur général, c’est plutôt bon signe. « Nous proposons des métiers en pénurie et pour lesquelles les sociétés vont de promesse en promesse. Certains candidats veulent donc s’assurer que notre engagement est réel et concret » explique-t-il. Pour le PDG, non seulement cette question permet de démontrer que le candidat s’est intéressé aux valeurs qui animent l’entreprise mais elle fait également preuve de maturité.
" Quelle est la culture de communication de l’entreprise ? "
C’est une question qui a plu à Patrice Barbedette, vice-président en charge des ventes stratégiques et des alliances chez Taleo pour l’Europe. « J’apprécie quand un candidat ne se focalise pas uniquement sur le contenu du poste mais aussi sur l’environnement culturel et social de l’entreprise, notamment sur sa manière de communiquer. » En effet, on ne communique pas de la même manière dans une TPE et dans un grand groupe. Par cette interrogation, le candidat prouve qu’il se pose des questions sur sa capacité à s’insérer dans un schéma culturel particulier. « Et c’est tout à son honneur », assure-t-il.
" Et vous, qu’est-ce qui vous a motivé à rejoindre la société ? "
« J’apprécie lorsqu’en fin d’entretien, un candidat interroge le recruteur ou l’opérationnel sur les motivations qui l’ont poussé à rejoindre le groupe », précise Isabelle Néri, responsable recrutement au sein du groupe GFI Informatique. Attention, pour autant, à amener cette question avec habileté. Car elle est à double-tranchant : « cette question, plutôt directe, démontre un intérêt du candidat vis-à-vis de son interlocuteur : elle peut flatter mais aussi désarçonner » prévient-elle.
" Quelles sont les attentes du manager ? "
Shéhérazade Bendouma, chargée de recrutement au sein de l’AFNOR, estime qu’il est souvent difficile d’instaurer une réelle discussion avec le candidat lors d’un entretien d’embauche. Beaucoup se contentent en effet de répondre succinctement aux questions et rares sont ceux qui nourrissent véritablement l’échange. « C’est la raison pour laquelle je suis agréablement surprise lorsque les candidats me posent des questions concrètes sur l’environnement de travail et sur les attentes du manager avec lequel ils vont devoir travailler au plus près », raconte-t-elle.
" C’est sympa chez vous… Mais est-ce que les gens travaillent vraiment ? "
Voilà une question qui ne manque pas d’air. Et pourtant, l’aplomb de cette candidate a plu à Laurent Wainberg, dirigeant de la société PackshotCreator. « À l’époque, nous n’étions que cinq ou six employés et elle m’a dit qu’elle avait l’impression qu’on était vendredi tant l’ambiance était détendue dans nos bureaux. » Une spontanéité qui a plu au dirigeant. « Je l’ai engagée, raconte-t-il. Cela prouve que l’aplomb n’est pas forcément négatif et que la personnalité doit ressortir en entretien. »
" Cela pose-t-il un problème si je rentre en Suède après mon stage ? "
Autre souvenir de Laurent Wainberg : « Lors d’un entretien avec un candidat d’origine suédoise pour un stage, le jeune homme a été très franc et nous a dit qu’il comptait rentrer en Suède après ses six mois de stage. » Une honnêteté qui aurait pu lui jouer des tours. Et pourtant, le jeune candidat a finalement retenu l’attention du recruteur. « J’ai apprécié sa franchise, se souvient-il. Je n’ai d’ailleurs pas regretté mon choix. Sa présence temporaire dans nos locaux nous a permis d’ouvrir un bureau en Suède. »
" N’y a-t-il pas une erreur dans le test que vous m’avez soumis ? "
Alors qu’il soumettait trois candidats à un QCM, Christophe Langouet, responsable RH au sein du cabinet d’expertise comptable In Extenso, s’est rendu compte qu’il avait fait une erreur et qu’il y avait un décalage entre les questions et les réponses. « Quand j’ai reçu les candidats en entretien, un seul d’entre eux m’a demandé s’il n’y avait pas un problème dans le QCM. Les autres l’avaient remarqué mais ils n’ont pas osé m’en parler. » J’ai choisi le candidat qui m’avait posé la question : il sortait du lot et me prouvait qu’il pourrait mener une discussion franche avec un client.